Dans un récent article publié sur la Tribune, Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et la prospective, relève que les pays européens partagent un modèle social similaire. Cependant, il souligne que les écarts de dépense publique y sont importants, ce qui serait la preuve qu’il est possible de réduire la dépense publique tout en continuant de lutter contre les inégalités.
Comme le rappelait Angela Merkel, le problème de l’Europe serait-il qu’elle distribue trop ? Alors qu’elle représente 7% de la population mondiale et 25% du PIB, l’Europe effectue 50% des dépenses sociales de la planète.
Et force est de constater que le maintien du niveau des dépenses sociales a été financé depuis plus de 30 ans par un endettement totalement déraisonnable.
Mais nous arrivons désormais dans une zone dangereuse qui ne permet plus de poursuivre l’endettement. Pour cette raison, des solutions sérieuses vont devoir être adoptées. Mais « sérieuses » ne veut pas dire nécessairement renforcer les inégalités et appauvrir les plus pauvres.
Sinon, comme le fait justement remarquer Jean Pisani-Ferry, le choix sera impossible pour les gouvernants.
Une reprise en profondeur des objectifs de notre modèle de protection sociale est un passage obligé. Il nous faut pour cela répondre à des questions trop souvent négligées :
- Quelles inégalités le système de protection sociale doit-il combattre ?
- A quel moment doit-il s’arrêter d’intervenir ?
- Qu’est-ce qui relève du gros risque ou de l’accessoire ?
- Comment articuler de manière claire ce qui relève de la redistribution collective, de ce qui concerne l’assurance individuelle ou d’entreprise ?
- Quels sont les objectifs chiffrés que la collectivité se fixe à atteindre en matière de santé publique ?
- Etc,…
C’est d’ailleurs tout le sens du travail en profondeur réalisé par l’Institut de la Protection Sociale. Car au-delà des incantations trop souvent entendues, c’est dans le concret des dispositifs que la réforme se joue vraiment.
Comme le souligne à juste titre Jean Pisani-Ferry, « beaucoup peut encore être fait pour améliorer le rapport coût-efficacité de la dépense publique sans pour autant renier le contrat social. Les gouvernements européens ont encore de la marge avant que les coupes de dépense publique auxquelles il est nécessaire qu’ils procèdent mettent en cause le modèle social européen. »