En 2008, Soregor fait l’ambitieux et altruiste choix d’intégrer le handicap dans le quotidien du groupe.
Claude Villain, vous êtes Président du Groupe Soregor et membre du Comité Technique dédié à la problématique « comment réinventer les solidarités de demain ? » au sein de l’Institut de la Protection Sociale.
Pouvez-vous nous présenter la genèse de ce projet et les grandes étapes franchies par vos équipes qui ont permis à Socia3 de voir le jour en 2011 ?
Le Groupe Soregor est fortement impliqué dans une démarche RSE.
La réalisation de cette démarche volontaire se réalise au travers d’actions concrètes.
C’est dans le cadre de cet engagement que le Groupe Soregor a décidé de créer Socia3.
Socia3 a une vocation sociale de permettre une insertion professionnelle durable et de qualité pour les personnes handicapées éloignées de l‘emploi. Socia3 défend à la fois un modèle d’inclusion, mais également un modèle répondant à une réalité de marché.
Socia3 dispose d’un agrément d’Entreprise Adaptée accordé par la DIRECCTE.
Dans ce contexte, Socia3 a créé un site expérimental en 2011 dans les locaux de Soregor Tours.
Un travail de fond a été engagé afin de lancer ce projet. Ce travail à notamment compris :
- La mise en place de partenariat avec les acteurs du handicap
- La mise en place de l’ensemble des process (production, encadrement…) nécessaires au fonctionnement de Socia3
- Le recrutement des collaborateurs
- La formation de l’ensemble des collaborateurs
- Le Développement
L’ouverture du site de Tours a permis de confirmer l’intérêt et la vocation de Socia3. Dans ce contexte, le Groupe Soregor a décidé d’engager l’ouverture d’autres sites Socia3.
Concrètement, que propose Socia3 ?
Socia3 est filiale du Groupe Soregor proposant des prestations d’externalisation de paie et des missions connexes RH.
Ces services sont réalisés dans une démarche de haut niveau de qualité et de valeur ajoutée pour nos clients
Le haut niveau de qualité se traduit d’une part par un encadrement expérimenté en paie, des programmes de formation annuels effectués auprès de chacun des collaborateurs, des process de contrôles de tous les documents produits (bulletins de salaires, bordereaux de charges sociales, tableaux de bord…).
Socia3 est au même titre que toutes les sociétés du Groupe Soregor certifié ISO 9001.
A qui s’adressent ces offres ?
Les services de Socia3 s’adressent à tous les acteurs de l’économie quelque soit leur statut ou leur activité : PME (industrie, service, bâtiment, négoce…), Associations…
Socia3 offre donc la possibilité de rendre concret la responsabilité sociétale de nos clients.
De plus, contenu de l’agrément d’Entreprise Adaptée obtenu auprès de la DIRECCTE, celui-ci permet aux entités de plus 20 salariés soumis à la cotisation Agefiph d’imputer une partie des prestations réglées à Socia3 sur cette taxe.
Que représente aujourd’hui cette filiale du groupe Soregor en termes d’implantation, de collaborateurs et de développements futurs ?
Socia3 compte aujourd’hui 3 implantations :
- Tours (Saint-Avertin)
- Niort (Chauray)
- Angers (Avrillé)
Ces 3 sites emploient 25 collaborateurs dont 80% en situation de handicap.
Socia3 rayonne bien évidemment largement sur les régions d’implantation de nos bureaux, mais bien plus largement. A titre d’exemple, Socia3 effectue de nombreuses paies et missions connexes RH pour des clients basés en Ile de France.
Un nouveau site est en cours d’ouverture : Bordeaux.
Socia3 est le fruit d’une véritable démarche d’intrapreunariat. Une telle initiative doit certainement transformer la vision collaborative de la direction et des salariés. Pouvez-vous nous dire quels changements sont intervenus dans votre mode de fonctionnement ou de prise de décision ?
Chaque site Socia3 a vocation à conserver une taille humaine et est intégré dans une agence Soregor.
Cette approche permet vraiment de réaliser la vocation de Socia3 à savoir rapprocher les personnes éloignées de l’emploi du milieu professionnel ordinaire.
Cette approche permet également aux collaborateurs des agences Soregor d’avoir un autre regard sur le handicap.
Au-delà de la création de Socia3, vous avez engagé Soregor et ses salariés dans une véritable action sociétale via le dispositif « Arrondi’Cap ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce système de don ?
Grâce à leur volonté d’agir et à la recherche d’innovation de l’équipe de SOCIA3 est né Arrondi’cap (L’Arrondi pour le Handicap).
Cette solution simple de micro don sur salaires permet aux employeurs et aux salariés d’agir ensemble, main dans la main, pour aider des associations qui œuvrent en faveur du handicap.
Les salariés en donnant l’arrondi de leur net à payer et l’employeur en doublant cette somme agissent durablement pour un projet commun.
Dans ce cadre, Socia3 a mis en place l’Arrondi’Cap au sein du Groupe Soregor. Ainsi, cette démarche volontaire de chaque collaborateur permet d’affecter les arrondis sur salaires (majorés de la participation du groupe) à des projets définis.
Les projets soutenus sont choisis en concertation avec les collaborateurs du Groupe Soregor
Socia3 accompagne d’autres entités dans la mise en place de l’Arrondi’Cap. La dernière entité qui a fait appel à l’expertise de Socia3 pour la mise en place de l’Arrondi’Cap est la MAIF.
Après Socia3, Arrondi’Cap, le dernier projet qui a vu le jour se nomme « hors les Murs ». A qui s’adresse ce dispositif professionnel et à quels objectifs répond-t-il ?
Le projet « Hors les murs » a pour objectif d’aider à l’insertion professionnelle des personnes avec autisme. Ces derniers ont beaucoup de difficulté à trouver un travail car les difficultés relationnelles et d’adaptation inhérentes à ce handicap peuvent être mal comprises et entraver l’insertion professionnelle.
Néanmoins, les personnes avec autisme possèdent de réelles compétences et savoirs bénéfiques aux entreprises. Le projet « Hors les murs » facilite leur intégration professionnelle et permet d’aller au delà de leur handicap relationnel.
Ce projet est le fruit d’un partenariat avec le CHU de Tours. Socia3 avait une volonté de prendre en charge les aménagements nécessaires à l’insertion professionnelle de ces personnes, dans le respect de leur spécificité.
De nombreux moyens ont été mis en place. Le plus révélateur étant le nombre d’échanges, de rencontres faites entre les équipes du CHU de Tours et celles de Socia3, impliquant un investissement en termes de temps important. Une séance de travail a été spécialement dédiée à l’aménagement de poste pour l’arrivée de la première personne avec autisme au sein de SOCIA3 et une infirmière du CRA a été spécialement détachée du service pour faciliter cette première insertion. Par ailleurs pour que le processus d’intégration se fasse au mieux, Socia3 a formé à l’autisme deux membres de l’équipe d’encadrement Socia3 (notamment en suivant le Diplôme Universitaire « Autisme et troubles apparentés » de l’Université François Rabelais) de Tours.
La notion de rentabilité économique ne peut être totalement exclue d’un tel système. Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
Socia3 est fortement engagé dans une démarche RSE. Parmi les trois piliers de la RSE, on retrouve la notion d’ « économiquement viable ».
L’objectif de Socia3 est donc d’assurer son autonomie financièrement et de financer son développement comme toute société.
Toutes ces actions replacent l’humain au cœur du système.
Parallèlement, Soregor est également largement engagé aux côtés de l’Institut de la Protection Sociale dans la réflexion menée pour simplifier et moderniser notre système de protection sociale. Pour Soregor, l’incitation à la responsabilité sociétale d’entreprise pourrait s’inscrire dans le processus de refonte des solidarités.