La retraite est un sujet sensible pour les médecins, et pour cause.
En 2011, la réforme de l’ASV, régime réservé aux seuls médecins conventionnés, leur a laissé un souvenir cuisant. Il faut dire aussi que ce régime avait jusqu’alors été géré en dépit du bon sens.
Les chiffres récents publiés par la CARMF, leur caisse de retraite, sont instructifs pour l’évolution du régime complémentaire commun à tous les médecins libéraux.
Le nombre de médecins libéraux a peu évolué au cours des dix dernières années.
Il s’établit ainsi aux alentours de 125 000.
L’évolution des effectifs cotisants est fortement liée au numerus clausus en début d’études médicales. A l’heure actuelle, il est de l’ordre de 7 500.
La CARMF prévoit une baisse sensible des effectifs cotisants, car les départs à la retraite des générations précédentes sont toujours aussi nombreux. En dehors du cumul emploi-retraite, le nombre des actifs passerait en 2020 sous la barre des 100 000, pour repasser au-dessus à partir de 2030.
Le succès du cumul retraite avec une activité libérale, apparu en 2004, rend toutefois délicat l’établissement de projections fiables. Toutefois, si les comportements des jeunes retraités restent ce qu’ils sont, le nombre de cumulants devrait être supérieur à 12 500 vers 2022, et permettra de maintenir l’effectif médical au-dessus des 100 000 médecins.
Sans cumul, le nombre de médecins libéraux passerait de 110 000 à 93 000 et le nombre de retraités, en 2026, deviendrait supérieur au nombre de cotisants.
En 2035, avec la remontée des effectifs cotisants, et en incluant les cumuls, on reviendrait, à peu de choses près, aux effectifs de 2014, à savoir, 120 000 environ médecins libéraux.
Une bonne gestion du numérus clausus parait ainsi essentielle à la pérennité du régime complémentaire.
Les études de la CARMF montrent l’importance de la valeur du numerus clausus pour avoir une stabilité des effectifs en corrélation avec l’augmentation de la population. Les résultats montrent qu’il faudrait conserver le numerus clausus à sa valeur actuelle jusqu’en 2020, ensuite le baisser à 6 000 jusqu’en 2030 pour enfin le stabiliser à 7 000.
La responsabilité de l’Etat est donc grande pour une gestion équilibrée de ce régime auquel les médecins libéraux se montrent attachés.