« De nombreux engagements ont été tenus et la loi PACTE va dans le sens d’un dispositif mieux adapté… Mais indéniablement, la ligne directrice du quinquennat se caractérise par une nationalisation accélérée de notre système de protection sociale. »
Le contenu
La campagne présidentielle constitue un temps privilégié de notre vie politique.
C’est le temps des grandes orientations proposées aux Français.
Les propositions des candidats sont parfois décisives. Souvent toutefois, elles relèvent plus d’un exercice de communication voulant séduire tel ou tel segment de la population. Elles tendent surtout à trouver l’argument décisif qui fera basculer l’électorat.
Dans ce cadre, les questions relatives à la retraite, à l’assurance maladie ou encore au financement de la protection sociale comptent parmi les sujets essentiels mis en avant par les candidats.
Dans ce buzz médiatique incessant, émergent dans l’instant quelques propositions emblématiques parfois aussi vite oubliées.
L’esprit Français adore les concepts. Il aime beaucoup moins la mise en œuvre opérationnelle des changements instaurés.
Pour cette raison, on omet souvent de faire un bilan précis de la mise en œuvre des mesures promises par le Président sortant.
Ce bilan est pourtant essentiel car il permettra à chaque Français d’évaluer le respect et la pertinence des engagements pris.
Pour autant, un Quinquennat n’est pas un long fleuve tranquille. De nombreux événements imprévus le jalonnent, nécessitant des inflexions apportées par l’exécutif. La crise sanitaire traversée par notre pays aura ainsi bouleversé le calendrier des réformes voulues par le Président Macron. Elle aura aussi servi de révélateur des forces et faiblesses de notre système de protection sociale.
Etablir un bilan du Quinquennat, ce n’est pas seulement faire l’examen scrupuleux du respect ou non des promesses faites par le candidat.
Une analyse sérieuse doit recouvrir 3 dimensions :
• L’examen précis des mesures annoncées durant la campagne de 2017 pour en évaluer la mise en œuvre effective
• Les dispositions qui n’avaient pas été annoncées par le candidat mais furent adoptées pour répondre à une évolution de la situation
• Les projets et les pistes qui sont annoncés dans les derniers mois du quinquennat.
Au terme de ce travail, le Quinquennat apparaît clairement dans le droit fil du plan Juppé de 1995.
Ce dernier avait engagé une rupture décisive de notre modèle de protection sociale en cherchant à écarter du pilotage du système les partenaires sociaux pour les remplacer par l’Etat.
Durant le Quinquennat 2017-2022, des projets structurants cherchant à imposer une nationalisation furent engagés :
• Projet de retraite universelle écartant les partenaires sociaux de toute compétence réelle dans la gestion des régimes de retraite alors même qu’ils ont jusqu’alors géré beaucoup plus efficacement que l’État les missions qui leur étaient confiées
• Transfert du pilotage effectif de l’assurance-chômage entre les mains de l’Etat
• Extension du champ d’intervention du Parlement au-delà de la seule Sécurité sociale
• Projet de « Grande Sécurité Sociale » dont le nom séduisant masque l’Etatisation quasi complète de l’assurance maladie
A l’exception de la loi Pacte qui a relancé le marché de la retraite supplémentaire et l’épargne salariale, la ligne directrice du Quinquennat se caractérise par une nationalisation accélérée de la protection sociale obligatoire. Cette nationalisation larvée constitue un véritable choix de société.
Confier l’ensemble du pilotage de la protection sociale à un seul acteur – l’Etat – pose de nombreux problèmes pour un pays démocratique.
Ce sujet constituera sans doute l’un des principaux points de la campagne présidentielle de 2022