C’est peu dire que le compte pénibilité n’en finit pas de faire parler de lui.
Quels sont les derniers rebondissements ?
Si les premiers facteurs de risques (travail de nuit, travail répétitif, en horaires alternants ou en milieu hyperbare) sont entrés en vigueur en 2015, les six derniers (postures pénibles, manutentions manuelles de charges, exposition à des agents chimiques, à des vibrations mécaniques, à des températures extrêmes ou au bruit) ont déjà été repoussés au 1er juillet 2016.
Pourtant les employeurs sont vent debout contre ce dispositif qui leur parait d’un autre âge.
Le monde agricole n’en finit pas d’exprimer son malaise. Mais au-delà de ses demandes de soutien, il est un sujet qui décidément ne passe pas chez les paysans : la pénibilité. Au point que la FNSEA a écrit un courrier officiel à Myriam El Khomri, la ministre du Travail, pour lui expliquer que cette mesure est inapplicable.
Dans sa missive datée du 25 janvier, Xavier Beulin, le président de la FNSEA, annonce que son syndicat « en toute responsabilité, a décidé lors de son dernier conseil d’administration du 20 janvier d’appeler les employeurs agricoles à ne pas déclarer la pénibilité, la loi les autorisant à rectifier leur déclaration jusqu’au 30 septembre ».
Le président de l’organisation assure pourtant « faire preuve de volontarisme » et insiste sur son « engagement total en faveur de l’amélioration des conditions de travail ».
Adressé quelques jours avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture, cette lettre a valeur d’avertissement et inquiète le gouvernement.
Pour les responsables de la FNSEA, le compte pénibilité n’est qu’une charge administrative et financière supplémentaire. Pour le principal syndicat agricole, après des mois de rencontres, d’explications et de mises en situation, le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure de l’inapplicabilité de ce compte dans les exploitations. La grogne des agriculteurs est telle que le syndicat assure ne rien vouloir lâcher, et caresse l’espoir d’obtenir des assouplissements.
D’ailleurs le secteur agricole n’est pas le seul à continuer à mettre la pression sur le gouvernement : les échos sont les mêmes du côté des industriels, qui ne digèrent pas que le gouvernement ait publié les derniers décrets sur la pénibilité le 31 décembre dernier.
L’UIMM (métallurgie) a déjà prévenu l’exécutif, à maintes reprises, que ce « dispositif était inapplicable » et allait détruire de l’activité. Agriculteurs, artisans, petits patrons, gros industriels, ils sont tous vent debout contre cette mesure phare du quinquennat Hollande, qui doit permettre aux salariés exposés au cours de leur carrière à des conditions de travail difficiles d’accumuler des points pour obtenir des formations, bénéficier de temps partiels subventionnés ou faire valoir des départs anticipés à la retraite.
Le pire dans cette affaire, c’est que l’invraisemblable complexité du système imaginé par les pouvoir publics risque de faire perdre de vue l’importance d’une véritable mobilisation contre la pénibilité au travail.
On ne peut que pleurer face à tant d’amateurisme et d’improvisation…