Alors que l’environnement de taux très faible devrait inciter les Français à consommer davantage, l’épargne finit l’année 2016 sur de nouveaux records. Les Français ont ainsi mis de côté 43 milliards d’euros entre janvier et septembre (+10 % sur un an) hors titres (actions, obligations et OPCVM). Sur cette période de neuf mois, il faut remonter à 2008 pour trouver un montant de collecte qui soit supérieur.
Avec les Allemands, les Français restent les plus grands épargnants en Europe.
Mais ils ne se contentent pas d’épargner beaucoup… ils le font aussi en privilégiant une prise de risque minimale, à contre-courant de la politique monétaire de la BCE.
Alors que les taux faibles devraient pousser les épargnants à chercher le risque – comme les actions – pour obtenir du rendement, les Français ne suivent pas ce scénario : ainsi, le dépôt à vue non rémunéré devrait pour la deuxième année de suite attirer plus de 30 milliards d’euros de dépôts supplémentaires.
Toujours en ce qui concerne les placements peu risqués, les livrets, qu’ils soient réglementés ( comme le Livret A ) ou pas (simple livret bancaire) restent appréciés par les Français.
Ce succès de l’épargne de court terme est logiquement accompagné d’une relative désaffection pour les produits nécessitant d’investir sur une plus longue durée. Le plan épargne logement (PEL) et les fonds en euros de l’assurance-vie, plébiscités l’an dernier, restent bien sûr des locomotives, mais ont ralenti à partir du deuxième trimestre 2016.
Finalement, les Français ont pris acte de la chute des rendements de ces deux placements, longtemps restés relativement bien rémunérés pour des placements peu risqués, toutes choses égales par ailleurs.
Loin des préoccupations pour le rendement de l’épargne, les Français se comportent d’une façon parfaitement rationnelle. Ils ont intégré les enjeux liés à l’allongement de la durée de vie : comme ils anticipent une baisse du niveau de protection sociale face à des enjeux multiples – qu’il s’agisse de dépendance, de retraite ou d’aide aux proches – ils privilégient une logique patrimoniale. Cela explique que le taux d’épargne reste si élevé dans la durée en France, autour de 14,5 %.
A ces préoccupations s’ajoutent une aversion culturelle pour les placements jugés trop risqués.