Ce n’est un secret pour aucun observateur avisé : le dialogue social « à l’allemande » n’est pas vraiment dans la tradition Française.
La raison essentielle ? Une conception politique mais accordant une place exagérée à l’Etat, au détriment des partenaires sociaux et d’un dialogue direct en entreprise.
L’heure ne serait-elle pourtant pas aux changements majeurs ?
Après la Seconde Guerre Mondiale, les organisations syndicales de salariés et d’employeur se voyaient confier une place centrale pour gérer la protection sociale et les comités d’entreprise. Pourtant, avec la politique initiée par le Gouvernement Juppé au milieu des années 90, et poursuivie sans relâche depuis, l’action publique a consisté à déposséder les partenaires sociaux de leurs prérogatives.
Il est vrai qu’avec près de 7% de salariés syndiqués – taux comparable d’ailleurs pour les organisations patronales – la représentativité des organisations dites représentatives dans les entreprises constitue largement une fiction.
Désormais, en matière de retraite, de santé et de prévoyance, l’Etat centralise à la fois le pilotage et l’exécution. Or les questions sont tellement diverses et les aspirations si multiples qu’il est illusoire de penser que l’Etat peut tout piloter. De plus, un passé récent montre que les partenaires sociaux s’en sortent souvent mieux que l’Etat dans la gestion des régimes obligatoires qui leur sont confiés (retraite complémentaire des salariés et assurance chômage).
Si la France veut une protection sociale qui s’adapte aux nouvelles évolutions, l’Etatisation croissante depuis plusieurs décennies doit cesser.
Quelles solutions s’offrent alors à notre pays pour rénover réellement le dialogue social ?
Différentes pistes doivent être explorées :
- Développer l’usage du référendum au sein des entreprises pour l’adoption de régimes de protection sociale, qu’il s’agisse de santé, de prévoyance ou de retraite. Ce dialogue au plus près des attentes des salariés et de la réalité de l’entreprise fera progresser chacun dans la compréhension des contraintes de l’autre : un atout essentiel pour la réussite de cette communauté de vie et de projets que constitue l’entreprise.
- Réserver le bénéfice des accords négociés – avec les avantages sociaux et fiscaux qui en découlent – aux seuls salariés et seules entreprises syndiqués. La solution est radicale. Nul doute alors que les positions des uns et des autres évolueront alors vers plus de pragmatisme
Mais le travail à accomplir est gigantesque.
Ne nous y trompons pas : la réelle modernisation du dialogue social constitue un enjeu majeur pour les entreprises et les salariés.
Sinon, notre économie continuera à s’enfoncer dans la crise.