Tous les candidats à la Primaire de la droite parlent de réforme des régimes spéciaux.
Leur réaction est louable quand on sait les avantages de ces régimes, qui la plupart du temps indemnisent des préjudices qui ne correspondent plus à rien.
Mais dès qu’on évoque la suppression des régimes de parlementaires, le discours est plus flou et les propositions plus imprécises.
La réforme des régimes spéciaux s’est depuis longtemps imposée dans le débat public.
Pour être plus précis, elle s’évoque fortement bien avant les élections pour se dissoudre ensuite à l’approche d’une mise en place effective.
Le souvenir de la grêve des transports publics sous le Gouvernement Juppé est encore dans les mémoires de tous les dirigeants politiques.
Deux questions doivent alors être posées : est-il légitime de supprimer les régimes spéciaux du secteur public et si oui, comment procéder ?
La légitimité de la suppression de ces régimes propres à la Ratp, l’Edf et la Sncf notamment ne fait pas de doute. Les sondages le rappellent régulièrement, les Français sont favorables à la suppression de ces régimes, expression la plus voyante des avantages propres aux professions protégées. Mais les sondages ne font pas – ou ne devraient pas faire – une politique.
Si cela a pu s’expliquer par le passé, plus aucune justification sérieuse n’existe désormais au maintien de dispositifs réservés pour des motifs de pénibilité du travail (dans ce cas, que dire des chauffeurs routiers ou des carreleurs exposés à une véritable pénibilité mais qui ne pourront partir en retraite avant 62 ans alors qu’un agent travaillant dans un bureau de l’Edf fera valoir ses droits à 57 ans, sans parler d’un agent de terrain qui partira dès 52 ans).
Mais la difficulté est la phase inévitable de conflits sociaux, l’intérêt général devant souvent se plier aux intérêts catégoriels. Il faudra se préparer à marcher durant quelques semaines….
Pour autant, les responsables politiques doivent avoir à l’esprit que l’exemplarité en matière de retraite, comme en toute chose, commence par soi-même.
C’est la raison pour laquelle le futur Président de la République serait bien inspiré de faire supprimer les régimes de retraite propres aux députés et aux sénateurs, sans parler des membres du Conseil Economique, Social et Environnemental.
Le rendement hors norme du régime du Sénat
Compte tenu de l’espérance de vie et de son âge de départ en retraite (67,5 ans), un sénateur « moyen » percevra, avant son décès, 4,90 euros de pension pour chaque euro cotisé pendant sa carrière (contre 1 euro de pension environ pour un salarié du privé et 2 pour un fonctionnaire). La pension mensuelle moyenne nette de retraite d’un sénateur, hors les 10 % de majorations pour enfants, était en juin 2015 d’environ 4 512 euros. L’âge auquel les sénateurs peuvent prétendre au versement de leur retraite est passé progressivement de 60 ans, pour ceux nés avant 1951, à 62 ans, pour les autres nés à compter de 1955. La durée de la cotisation a été relevée à 41 ans. La réversion est aussi plus favorable que dans le régime général, soit un taux de « réversion » de 66 % de la pension d’un sénateur contre 50 % dans la fonction publique et 54 % dans le privé. |
Bien entendu, cela ne règlera rien sur le plan financier.
Mais cela changera tout sur le plan symbolique !
Suppression du régime des parlementaires, disparition des avantages propres aux régimes spéciaux du secteur public, les Français sauront alors que le temps de la vraie réforme est venu et qu’elle est pour tous.
C’est à cette condition qu’ils seront prêts aux adaptations nécessaires de notre régime social pour donner un véritable avenir à nos enfants.