La mise en place de la Déclaration Sociale Nominative (DSN) est présentée comme une grande avancée qui va simplifier la vie des entreprises.
Cette norme aura probablement la vertu – à terme – de réellement simplifier la vie des entreprises. Mais le passage précipité en phase 3 au 1er janvier 2017 pose de sérieux problèmes techniques et risque d’entraîner des dysfonctionnements considérables pour les entreprises. Il sera en outre inutilement coûteux pour l’économie Française.
Rappelons que la DSN se déploie en plusieurs phases :
- La phase 1 ayant démarré dès 2013 (elle est close depuis septembre 2015).
- La phase 2 en production depuis février 2015 et impérative depuis octobre 2015 pour les entreprises en DSN.
- La phase 3 n’a été testée en pilote que de juin à septembre 2016 et est en production depuis le 27 septembre 2016 pour une généralisation le 1er janvier 2017.
Cependant, le délai de généralisation de la DSN est beaucoup trop court !
Les entreprises sont actuellement pour la majorité en phase 2 (950 000). Les destinataires sont essentiellement la CNAVTS, l’URSSAF ou la MSA, Pôle Emploi, la CRAM et la CARSAT, la DARES… S’agissant des formalités substituées, notamment concernant les déclarations de cotisations de sécurité sociale, cette norme prend le relais des DUCS-EDI et s’est fait sans grosse difficulté pour les entreprises.
A ce jour, plus de 700 000 entreprises ne soient pas encore en DSN et que, dès lors qu’elles seront tenues d’y passer, elles devront d’ores et déjà respecter la phase 3, plus technique et plus exigeante.
Pourquoi la phase 3 de la DSN pose de sérieux problèmes techniques
Qu’est-ce que la phase 3 ?
- Intégration dans la norme DSN de l’ensemble des déclarations adressées aux Institutions de Retraite Complémentaire (Agirc / Arrco), aux organismes complémentaires de protection sociale, à la DGFIP, etc.
- Elle ne fait pas que « substituer » d’anciennes déclarations par une unique : elle élargit le champ déclaratif pesant sur les entreprises, notamment en matière fiscale (données d’assujettissement à la CVAE, etc.)
- Se substituant à la DADS, elle impose aux entreprises d’intégrer dans la paie, par exemple, les frais professionnels, la pénibilité, etc.
Cette norme ne se limite donc pas en pratique à une simple conformité logicielle…
Or le contexte actuel de mise en œuvre de la phase 3 est hâtif et peu maîtrisé :
- La phase 3 a été testée en « pilote » sur « seulement 381 entreprises » de juin 2016 jusqu’au 26/09/2016.
- La phase 3 est en production depuis le 27/09/2016.
- Seuls 42 éditeurs ont été « pilotes » sur la phase 3 sur 224 en production DSN.
- Le pilote n’a pas été très concluant s’agissant du périmètre fiscal élargi qui sera exigé en phase 3 par la DGFIP.
- 2 cahiers des charges techniques phase 3 coexistent :
- Une phase 3 dédiée à 2016 pour ceux qui souhaitent anticiper.
- Une phase 3 démarrant en 2017 intégrant plus largement des données fiscales.
- Les guides de bascule ou de démarrage en phase 3 datés du 7/11/2016 n’ont été diffusés que le 14/11/2016.
- Les modalités pratiques relatives à ces organismes n’ont été diffusées qu’à compter du 18/11/2016, nombre d’organismes de protection sociale n’étant pas encore compatibles DSN, ceux étant compatibles DSN n’étant pas tous en capacité de produire des compte-rendu métier.
A ce jour, la communication institutionnelle autour de la phase 3 de la DSN est très « politique » puisque cette phase est un prérequis absolu au prélèvement à la source.
Le calendrier ambitieux à l’origine apparait désormais précipité pour les entreprises.
Pour éviter les conséquences d’une précipitation inutile – pensons à l’impact de la mise en place en catastrophe de l’Interlocuteur Social Unique en 2008 et de ses conséquences sur le RSI – les Pouvoirs Publics auraient tout intérêt à se hâter lentement…..