UFC Que Choisir et la Fage, ont lancé une pétition pour demander la suppression de la sécurité sociale étudiante.
Ce dispositif spécifique est-il encore pertinent ou doit-il disparaître ?
Complexe, inefficace et trop coûteuse. Le portrait de la sécurité sociale étudiante fait par l’organisation de défense des consommateurs, l’UFC-Que choisir, et la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) est connu de longue date par les spécialistes de la protection sociale.
Les deux associations ont d’ailleurs lancé une pétition pour refonder le régime.
Rappelons que depuis 1948, la gestion et le versement des prestations sont délégués à des sections mutualistes des étudiants. Et depuis 1971, deux grandes mutuelles étudiantes sont chargées de ce service : une mutuelle nationale (la LMDE, ex-MNEF, proche du PS) et un réseau de onze mutuelles régionales (réseau EmeVia).
L’organisation est complexe car les étudiants doivent choisir dans chaque région entre deux mutuelles étudiantes. De plus, celles-ci commercialisent aussi des produits de complémentaire santé.
Résultat : les étudiants n’y comprennent rien. Seuls 40 % d’entre eux ont compris que la mutuelle étudiante remplace la sécurité sociale de leurs parents et que les remboursements sont les mêmes quel que soit l’organisme choisi. De plus, on n’est pas loin de la vente forcée quand on sait que 37 % des étudiants de première année ignorent que les complémentaires santé proposées par ces mutuelles sont facultatives….
De plus, le système est trop coûteux : son taux de gestion étant 3 fois supérieur à celui de l’assurance maladie.
Enfin surtout, la qualité de service n’est pas là :
- Les délais pour obtenir sa carte vitale sont excessifs : Un tiers des étudiants attend encore sa carte plus de 3 mois après son inscription
- 93 % des appels reçus par les mutuelles étudiantes ne sont pas traités, ce qui est proprement ahurissant
Alors que faut-il faire ? Déjà en décembre 2012, un rapport sénatorial a suggéré d’en finir avec cette exception française. Pour cela, il prône la fusion des deux organismes ou l’intégration de la sécurité sociale des étudiants dans l’assurance-maladie.
En septembre dernier, c’est la Cour des comptes qui a relevé les dysfonctionnements du système. Dans son rapport annuel sur la sécurité sociale, la Cour a vertement critiqué un système « peu encadré » à la gouvernance « insatisfaisante », pour une qualité de service « insatisfaisante ».
Soulignons à cet égard que la LMDE se trouve particulièrement dans la ligne de mire de la Cour des comptes. C’est elle en effet qui suscite le plus de réclamations.
On voit bien que la fusion des 2 organismes serait la mauvaise solution. En effet, il est probable qu’elle permettrait à la LMDE de prendre la main sur la future mutuelle étudiante.
L’heure étant aux économies drastiques, la solution d’un transfert de la sécurité sociale étudiante à l’assurance maladie du Régime Général s’impose.
La décision n’est pas simple pour le Gouvernement. La LMDE lui est en effet politiquement très proche. Mais en imposant l’intérêt général, il manifestera sa volonté réelle de réforme. Donc – au-delà du dossier lui-même – c’est la crédibilité du Gouvernement qui est en jeu.
A suivre dans les prochains mois….
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