C’est le sens de la dernière note publiée par France Stratégie pour qui « Au vu de la situation des différentes classes d’âge, il apparaît difficile de mettre davantage à contribution les plus jeunes et les individus actifs. Une baisse des transferts nets perçus par les plus de 60 ans apparaît nécessaire ».
Alors que l’arrivée à la retraite des baby-boomers a mécaniquement entraîné une pression accrue sur les actifs pour financer le système de protection sociale, le niveau de vie des plus jeunes et des actifs s’est dégradé au cours des 30 dernières années.
Cette situation, potentiellement explosive, doit être traitée au plus vite.
La note d’analyse de France Stratégie, montre que les jeunes n’ont pas été sacrifiés au sens extrême que l’on entend parfois.
Elle montre en revanche la dégradation de la situation des actifs, de plus en plus mis à contribution en termes de financement de la protection sociale.
Dans le même temps, un arbitrage n’a pas été fait systématiquement en faveur des plus âgés : si les plus de 60 ans sont les premiers à avoir profité de la hausse des prestations, ils sont aussi, plus mis à contribution, notamment du fait de la CSG.
Au final, les actifs sont de plus en plus mis à contribution du fait de l’arrivée à la retraite des baby-boomers. La situation des jeunes – du fait de l’allongement de la durée des études et un accès plus précaire à l’emploi – a changé en trente ans. Elle s’est dégradée avec désormais un taux de pauvreté chez les moins de 25 ans deux fois et demie supérieur à celui des plus de 60 ans.
Autre chiffre instructif, en prenant pour référence le niveau de vie moyen de la population globale :
- le niveau de vie des retraités est passé de 70 % en 1970 à 105 % en 2013.
- À l’inverse, celui des moins de 25 ans est passé de 88 % de celui des plus de 65 ans en 2002 puis à 82 % en 2012.
Cette situation n’est d’ailleurs pas propre à la France. Ainsi, dans la grande majorité des pays de l’Union Européenne, l’écart de taux de pauvreté entre jeunes et retraités est élevé et s’est beaucoup accru depuis le début de la crise financière. Les plus jeunes ont subi la montée du chômage dont les retraités sont pour l’essentiel protégés ».
La conclusion de France Stratégie est claire : « cette évolution pourrait plaider pour un rééquilibrage des dépenses de protection sociale en direction des plus jeunes ». En effet, « compte tenu des niveaux de vie et de pauvreté des différentes classes d’âge et des niveaux relatifs, il semble difficile de réduire les transferts nets vers les plus jeunes et les individus d’âge actif, ce qui appellera dans les dix prochaines années à une baisse du transfert net perçu globalement par les plus de 60 ans. »
Le propre d’une société développée n’est-elle pas d’aider les plus jeunes à entrer dans la société et y faire leur place ?
Cela va constituer un test intéressant de la manière dont la société Française va réellement faire de la jeunesse une priorité, alors qu’elle leur laisse déjà en héritage une bonne part du chômage….
Voir la note de France Stratégie : http://www.strategie.gouv.fr/publications/jeunes-sacrifies-protection-sociale