L’IPS élargit sa réflexion au thème de la prévention et en confie le pilotage à Laurent OUAZANA, Président de Ciprés Assurances, Partenaire de l’Institut de la Protection Sociale.
Vous avez souhaité qu’un Comité Technique soit spécifiquement dédié au thème de la prévention, pouvez-vous nous en exposer les raisons ?
Le système de soin français a été pensé pour soigner. On parle d’ailleurs d’Assurance Maladie, donc d’intervention après la réalisation d’un risque (maladie ou accident). L’ordonnance fondatrice du 4 octobre 1945 parlait de « garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera de moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes ».
Cette orientation s’est traduite dans les faits puisque par exemple le pourcentage de remboursement d’un assuré social (en fonction de la base de remboursement) est plus important pour le poste hôpital que pour le poste consultation médicale.
Nous pensons qu’a l’instar de pratiques d’autres pays, il faut impérativement remettre de la prévention au cœur du système de soin.
Quels seront les principaux axes de la réflexion qui sera mené ?
De nombreuses expériences ont déjà été menées dans le domaine de la prévention mais force est de constater que l’impact sur la santé publique et sur les comptes publics n’a pas été au rendez-vous.
Nous pensons à l’IPS que le temps est venu de proposer de réelles innovations en matière de prévention, en ayant à l’esprit que chaque individu assuré social a des droits mais aussi des devoirs.
Chaque individu doit gérer son capital humain de manière responsable car la solidarité financière en cas de maladie ou d’accident (représentée par la Sécurité Sociale) lui impose cette responsabilité.
Nous acceptons de respecter un code en conduisant sous peine d’amende, nous acceptons d’entretenir notre véhicule sous peine d’amende, pour se protéger soi mais aussi pour protéger les autres, pourquoi n’accepterions-nous pas des règles en terme de santé ?
A quels expertises et compétences feront appel les travaux du Comité Technique « Curatif ET préventif : le nouvel enjeu du système de soins français » ?
Nous disposons de statistiques précises sur les pathologies coûteuses pour la collectivité, sur le nombre de français touchés par ces pathologies, et sur l’impact de la prévention et du dépistage en amont sur ces pathologies.
Nous savons, car l’IPS les a rencontré, que les médecins sont partant pour être au cœur d’une nouvelle politique de prévention par une ou des visites obligatoires chez le médecin, mais pas n’importe quelle visite.
L’informatisation des cabinets médicaux, la collecte de données médicales et l’exploitation de ces données seront un enjeu fondamental que nos gouvernants doivent poser à court terme avant que d’autres ne s’en empare via le digital.
Pour quelle population, pour quel âge, pour quelle durée de consultation, pour quel contenu de consultation, pour quel coût de consultation, pour quel « retour sur investissement » sur les comptes publics, pour quelle adhésion des assurés sociaux ?
Il faut réfléchir à ces questions et tenter d’apporter des réponses en s’entourant de compétences, en échangeant avec les médecins, et en affinant nos propositions pour les présenter aux équipes des candidats à la future élection présidentielle de 2017.
Les pertes abyssales et récurrentes de la Sécurité Sociale ne sont pas une fatalité. Dans le cadre d’un projet de Loi de Santé publique, avec l’appui d’un Comité scientifique de médecins, l’IPS proposera pour le prochain gouvernement une réforme claire, immédiate, courageuse, responsable, respectueuse des acteurs médicaux et financièrement impactante sur les comptes de la Nation.